La rivalité

Tapie / Canal+ : l’élément déclencheur !

OM-PSG, PSG-OM, chaque saison le Classique de la Ligue 1 est le match à ne pas rater pour les passionnés du ballon rond. Une rivalité qui semble indiscutable aujourd’hui dans l’esprit de chacun, mais qui n’a pourtant pas toujours été évidente par le passé.

Car avant les années 1990, personne ou presque ne se passionnait pour cette rencontre. Lors du premier affrontement entre Parisiens et Marseillais, le 12 décembre 1971 (succès 4-2 des Phocéens), le football français était bien loin de s’imaginer l'ampleur de la rivalité à venir entre les deux écuries. Une rivalité rendue possible par le déclin sportif de certaines équipes, et par une stratégie médiatique très bien pensée par les deux clubs... On vous explique.

Michel Denisot

Pour bien comprendre la rivalité actuelle entre le PSG et l’OM, il faut se replonger dans le contexte de l'époque. En 1986, l’illustre Bernard Tapie prend les rênes de l’Olympique de Marseille pour un franc symbolique. Une franche réussite sportive, puisque l’OM enchaîne les titres de champion de France, remportant quatre titres consécutifs entre 1989 et 1992. Marseille écrase tout sur son passage, tandis que Paris peine à se montrer régulier (15ème en 1988, vice-champion en 1989, 9ème en 1991).

C’est alors, en 1991, que Canal+ et Michel Denisot rachètent le Paris Saint-Germain, avec l'ambition d’en faire une grosse écurie du championnat. Cela tombe bien, Bernard Tapie, président de l’OM, cherche un nouvel adversaire capable de dynamiser ses troupes et d’insuffler un nouvel intérêt à la Division 1. Déclin de l’AS Saint-Etienne et des Girondins de Bordeaux, domination suprême sur le championnat… cette nouvelle ambition parisienne tombe à pic pour le boss de l’OM.

Canal+, détenteur des droits de diffusion des matches du championnat de France, saute sur l’aubaine : pour booster les audiences TV, le PSG doit devenir LE rival de l'OM.

À partir de là, le classico est présenté dans les médias comme une rencontre à fort enjeu et pour faire monter la pression, on insiste sur des clichés comme la dualité Nord / Sud ou encore le clivage Paris / province. De quoi enflammer les débats saison après saison, entre les pro-OM et les pro-PSG.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la rivalité PSG / OM, je vous invite d’ailleurs à lire l'excellent livre de Jean-François Pérès (journaliste parisien), Daniel Riolo (journaliste parisien) et David Aiello (journaliste spécialiste du PSG) intitulé OM-PSG, PSG-OM : Les meilleurs ennemis, enquête sur une rivalité. Dans cet ouvrage bien documenté, vous apprendrez de nombreuses anecdotes croustillantes et des informations inédites sur le sujet. Vous découvrirez notamment comment a été montée cette rivalité artificielle entre les deux clubs, quel a été le rôle ambigü de la chaîne Canal+ et quels sont les enjeux économiques et sociologiques qui accompagnent ces rendez-vous sportifs...

Classicos : passion et interpellations…

Depuis les années 90, la rivalité qui anime les deux clubs n’a fait que grandir et s’est même propagée en dehors du terrain. Au fil des saisons, chaque classico se joue sous tension et fait l’objet d’importantes mesures de sécurité.

Depuis 1995, les forces de l’ordre ont procédé à pas moins de 400 interpellations des supporteurs des deux camps. Et il y a eu autant de blessés des deux côtés... Des chiffres qui mettent en lumière toute la passion, parfois extrême, qui entoure ces rencontres sportives.

banderole anti OM

Citons quelques événements marquants :

  • ➪ PSG - OM du 18 décembre 1992 : 55 fautes sont commises durant le match, une vraie boucherie !
  • ➪ PSG - OM du 8 novembre 1997 : énorme polémique suite à la victoire marseillaise (1-2) sur un pénalty litigieux obtenu en fion de rencontre par Ravanelli
  • ➪ PSG - OM du 4 mai 1999 : des supporters marseillais, déçus par la défaite des leur équipe (2-1), saccagent des autobus de la RATP

Des propos inadmissibles ont même été tenus par des supporters, notamment en 2006. Suite au fauchage d'un supporter parisien par un automobiliste marseillais, cette banderole avait été déployée dans le virage sud du stade Vélodrome :

Auteuil, c'est renversant !

Le 28 février 2010, c'est l'irréparable qui se produit avec le lynchage d'un supporter parisien, Yann Lorence, en marge d'un match PSG-OM au Parc des Princes. Celui-ci décédera quelques semaines plus tard.

Arrivée de McCourt : regain d’intérêt ?

Depuis l’arrivée de QSI à la tête du Paris-Saint-Germain en 2011, il est vrai que la rivalité avec l’OM s’est quelque peu atténuée. Favoris du championnat chaque saison, que ce soit aux époques Zlatan Ibrahimovic, Edinson Cavani ou Kylian Mbappé, les Parisiens sont donnés gagnants avant chaque classico joué, ce qui réduit de fait l’intérêt sportif de la rencontre.

En 2016, au terme d’une nouvelle Ligue 1 remportée par les Parisiens, le rachat de l’OM par Frank McCourt s’est alors avéré être une excellente nouvelle pour la rivalité entre les deux équipes, et le championnat de France dans son ensemble.

Doté de nouveaux moyens financiers et désormais présidé par un homme de compétences, Pablo Longoria, l’OM peut envisager de titiller le PSG sur le long terme, et faire renaître sur le terrain sportif une animosité qui n’a jamais quitté les supporters. En nets progrès ces dernières saisons et ambitionnant le podium chaque année, l’Olympique de Marseille version McCourt peut légitimement embêter Paris sur le plan sportif, et remettre ainsi le classico au centre de la Ligue 1.

Un regain d’intérêt clairement visible du côté du grand public, quand on voit le prix des billets pour le Classique au marché noir chaque année. Plus personne ne veut manquer ce duel mythique du football français.

Paris, Marseille, rivaux sur les réseaux sociaux !

Les réseaux sociaux, devenus tellement importants ces dernières années, représentent également une terre de rivalité importante entre les deux clubs les plus populaires de France. Si l’OM a longtemps occupé la pôle position, assez largement, le PSG a rattrapé son retard depuis l’arrivée de QSI, et ce de manière exceptionnelle. Le PSG est désormais d’ailleurs l’une des équipes les plus suivies au monde, sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui sur Facebook, ils sont plus de 47 millions de personnes à suivre la page officielle du club de la capitale, contre 6,7 millions pour l’OM. Une différence énorme, qui s’explique bien entendu par le rayonnement du PSG à l’international, par ses performances en Ligue des Champions ou par les joueurs de classe mondiale qu’il a réussi à recruter. La notoriété de Beckham, Buffon et Zlatan Ibrahimovic à l’époque, tout comme celles de Neymar (89 millions d’abonnés sur Facebook), Mbappé (15 millions d’abonnés), Sergio Ramos (37 millions d’abonnés) et bien sûr Messi (105 millions d’abonnés), y sont évidemment pour beaucoup.

Si l’on s’éloigne de Facebook, la donne est d’ailleurs la même sur les autres réseaux sociaux. Sur Twitter, le PSG possède plus de 11 millions d’abonnés, contre tout juste moins de 4 millions pour l’OM. Sur Instagram, le constat est encore plus frappant, avec 56 millions de followers pour Paris contre 2,2 millions pour Marseille. Il en est aussi de même sur TikTok, nouveau réseau de référence chez les jeunes, sur lequel le PSG est suivi par près de 24 millions de fans, contre 1,3 millions du côté de l’OM.

Des différences de popularité numériques énormes, que l’OM aura beaucoup de mal à réduire dans les années à venir. Sur le terrain de la notoriété numérique, Paris semble à des années lumières de l’Olympique de Marseille désormais. Même une victoire en Ligue des Champions ne suffirait sans doute pas à l’OM pour combler ce retard. Paris est dans une autre galaxie marketing.

Du côté des bookmakers !

Les matchs OM-PSG et PSG-OM, cela se passe aussi du côté des bookmakers. Étant l’une des rencontres les plus attendues de l’année en France, elle fait l’objet de nombreuses mises de la part des amateurs de foot, et de paris sportifs. Un conseil, si vous voulez un bon pronostic pour les matchs de Ligue 1, rendez-vous sur Sportytrader.